Le louveteau avait grandi. Était devenu chef de meute. Un jour chassant, il s’était approché
d’une cabane perdue en pleine montagne. Un vague souvenir lui était revenu.
Celui d’une forme se tenant sur deux pattes qui, une nuit de Noël, lui avait
poussé de la viande fumante.
Lorsqu’il
était sorti de sa cachette après avoir passé la nuit bien au chaud, il n’avait
pas été long à retrouver tanière et mère. La louve l’avait accueilli en lui
léchant le museau.
La
louve lui avait partagé ce qu’elle savait sur l’Homme et lui avait recommandé
de toujours s’en méfier. Mais lui avait compris, qu’en cette nuit magique, on
n’avait pas voulu lui faire de mal.
Du
haut de son rocher, il le hurla à la lune.
Ray, que ses 85 ans pliaient
légèrement, quitta le banc recouvert d’une tapisserie aux couleurs élimées et
se dirigea vers la porte française à demie-ouverte, laissant deviner la
zénitude des lieux.
Gaya cuisinait la soupe. Dans
l’entrée aux murs orangés, un bâton de marche sculpté par son vieil ami Lou,
attendait la sortie du soir. Un peu partout, le décor se faisait beau
d’artisanat autochtone, jetant des voiles de souvenirs jusqu’au petit Pot-de-bonheur.
Matimekosh était loin dans sa
Vie depuis qu’il s’était établi à Rouyn-Noranda avec sa fille. Sa femme avait
quitté terre un matin de printemps. Son petit-fils devenu grand, était retourné
vivre sur la Côte Nord où il travaillait comme policier. Il y avait plusieurs
années que Mouffe, son chien de tête, était disparue, après une Vie remplie de
cavales avec son maître.
Lui restaient les souvenirs de
jours heureux. Et c’est cette capacité de belles souvenances, qui faisait de
lui le Grand Sage qu’il était…
Fin
*en
caractères gras : textes originaux de Raymond Larouche
**
tshishennu : vieillard en langue innu
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