... la première nuit de garde… Loin d’être étoilée, elle était même encore un peu humide de toute cette pluie tombée… Rosée nocturne… Une nuit froide et sans lune, où seules les sentinelles accrochées aux huttes* 1 , perçaient la pénombre au-travers du branchage des ifs… Noirceur fantomatique, noyée de brume errante sur un lac déserté par les vagues… Miroir aux milles reflets insolites… Lampe frontale allumée, nous avons déambulé jusqu’à l’extrémité sud du vaste terrain. Sans bruit, nous sommes entrées, repérant sur le plan affiché derrière la porte, le nom des campeurs dont nous devions vérifier la glycémie* 2 . Avec précaution, nous avons percé le mystère des rêves enfantins, traversant dans le bruissement de nos pantalons de pluie, l’étroit corridor séparant les rangées de lit de camp… Lecteur de glycémie, bandelettes, alcool, tampons… Oups! Hypoglycémies* 3 !… Corrections avec comprimés de glucose… Attentes de quinze minutes… Collations avec protéines-glucides… J’ai retrouvé mon
« Partir c’est quitter son cocon, ouvrir ses ailes et s’envoler. C’est s’apercevoir qu’on n’est pas les seuls sur la planète, qu’on ne sait pas tout, comme on le pensait. On devient plus humble, plus tolérant, un peu plus intelligent. » P. Fillit