« … En
quittant ma Chum Gaa la semaine dernière, j’avais glissé dans mes bagages, deux
de ses bouquins : l’un de Dominique Demers (Mon fol amour que j’ai déjà
littérairement avalé d’une traite) et un vieux-petit-bouquin-ne-payant-pas-de-mine.
Hier, à mon
retour de chez Papa Fitzsou, je me suis emmitouflée dans la couverture pelucheuse jaune-moutarde-de-Dijon
(vous vous rappelez?), et confortablement installée sur le divan gris cendré (le même
que celui mentionné hier), j’ai plongé tête
baissée dans le Pieds nus dans l’aube de notre Félix
national.
Dès la
page 29, je restai estomaquée :
« Des
souvenirs éblouissants tissés de bouts de misères, comme ces toiles
merveilleuses fabriquées de fils de poche, pendaient dans son cerveau. »*
J’étais
chavirée! À la rencontre de quelle douce poésie m’étais-je lancée? Dans
l’univers de quel glorieux poète m’étais-je furtivement infiltrée ?
Je tournai
les pages, avide de ces mots jolis, de ces tournures raffinées.
« Sa robe aux reflets mauves, comme taillée à
même un commencement de nuit, touchait le sol. » **
J’étais aux anges!
Quand le
jour se perdit entre chien et loup, je refermai le vieux-petit-bouquin-ne-payant-pas-de-mine. Parce qu’il me restait
moins d’une centaine de pages à engloutir, j’ai choisi d’en garder pour…
…
Aujourd’hui! La neige aura beau se poser en couches de centimètres sur mon
patio, je ne pelletterai pas, tant et aussi longtemps que je n’aurai pas
refermé la quatrième de couverture !... »
*Pieds nus
dans l’aube, Félix Leclerc, Fides, 1946, 215 pages
** Pieds
nus dans l’aube, Félix Leclerc, Fides, 1946, p.82
Commentaires