« …
J’avais fait par exprès pour prolonger la marche. Pour le mille. Vous me
suivez?
En chemin, je
m’étais arrêtée chez Papa Fitzsou. Nous avions une quarantaine de cartes de
vœux à livrer. Pour l’occasion je nous avais acheté, vous savez, ces drôles de
tuques rouges à pompon blanc?...
Pour l’occasion j’ai dit écrit…
Je poussais
son fauteuil roulant. À chaque porte, je m’arrêtais. Je frappais et si personne
ne répondait, j’allais déposer près du téléviseur ou sur la table de chevet, la
jolie carte ornée d’un paysage d’hiver, œuvre de mon Amie Mag. Vous vous
rappelez? Tweety?...
Si je ne
faisais attention, le fauteuil poursuivait parfois sur sa lancée, me précédant
de quelques centimètres. Ça me faisait rire, et Papa Fitzsou lui, ne
s’apercevait de rien car… il avait les deux yeux-fermés-ben-dur!
J’avais avec
moi, un Papa Noël qui dormait dans son traîneau!
Trop comique!
Nous avons
fait le tour. À un moment il a marmonné quelque chose du genre « j’aime-ça-me-promener-avec-toi».
On a continué. Vers l’aile Sud, le Temps de se rappeler qu’au bout, on y voyait
les voitures des employés de l’hôpital.
Puis l’aile Est,
pour aller prendre des nouvelles de l’Harricana. Et enfin direction Ouest, vers
la 4e rue, celle qui croise quelques centaines de mètres plus loin,
l’avenue Létourneau.
Là, dans l’Ouest,
je raconte toujours la même rengaine. Le même refrain. Toujours nouveau pour
lui. Jamais très loin pour moi. Mais aujourd’hui, Papa Fitzsou dormait sa Vie. Sauf
quand le pompon blanc venait qu’à toucher son épaule… Alors il se réveillait en
sursaut…
Après le dîner,
je retournai chez-moi. J’attendais la lumière à piétons sur la 6e.
Tout à coup, un coup de klaxon. J’entends crier mon prénom. La glace côté passager
s’abaisse.
« Ben oui c’est elle. Allo, allo! Comment ça va?»
« Très bien!
Vous autres? »
Éclats de rires. La voiture semblait remplie d’anciennes collègues
de Pikogan. Le village voisin.
En une fraction
de seconde, je retrouvais mon lien d’appartenance avec les gens de cette communauté
autochtone.
En une fraction
de seconde, y’a eu comme un grand bonheur qui a coulé dans mes veines… »
« Éclat
de bonheur », Amos, décembre 2016
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