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Mijoter dans le déni


J’avais vainement essayé de faire comme si de rien n’était. Essayé de passer outre l’insidieux grattement me taraudant le fond de la gorge depuis que samedi avait succédé à dimanche. Mais…
 
J’imaginais un mauvais tour joué en catimini par mon corps. Quelque chose d’anodin et de fugitif, comme un voleur de bien-être improvisé. Moi qui se targue d’être en bonne santé, de ne prendre aucun médicament de façon régulière, qui s’alimente bien, qui… ne bouge peut-être pas tout à fait suffisamment, mais

Moi qui prends toujours mille précautions, qui applique le lavage des mains obligé avant toute bouchée ou gorgée, surtout lors de sorties en grand public. J’essayais de comprendre, de trouver la faille, de mettre le doigt sur le « quand est-ce que ». 

L’épicerie du jeudi? Peut-être. Je me rappelais ces petits morceaux de fromage québécois goûtés sans arrière-pensée. Ça coïnciderait avec l’habituelle période d’incubation. Mais à quoi bon trouver un coupable : j’ai probablement failli à la simple règle d’hygiène énoncée plus haut...

Le dimanche, malgré l’insidieux grattement mentionné, j’avais assisté à un spectacle en plein air et magasiné une tarte au chocolat, diagnostiquant faussement, un-je-ne-sais-quoi-pas-rapport. Le lundi, le symptôme s’installait pour de bon, déclenchant une toux sèche irrégulière et somme toute, pas trop pénible… 

Le mardi, j’étais allée, malgré un début d’écoulement nasal, yogater en soirée sous une pleine lune voilée, papier mouchoir camouflé dans le soutien-gorge, et pastilles à portée de mains…

Le mercredi, il me sembla percevoir une certaine amélioration. Fiou! Ce ne serait finalement qu’une irritation passagère. Je m’étais donc présentée, confiante, à ma leçon de tennis… Déni…

Le jeudi, le grattement fit relâche et laissa toute la place à l’écoulement nasal. Incommodément, je persistai à frotter le p’tit appart pour la Visiteuse que j’attendais impatiemment. En désespoir de cause, je me rendis en mi-après-midi chez Familiprix, Purel* et mouchoirs en sac, et tentai de trouver quelque réconfort devant l’étalage de produits cartonnés…

Ce vendredi… J’ai les yeux noyés dans l’eau (ici je m’arrête sur l’expression… Aurais-je pu avoir les yeux noyés dans autre chose que de l’eau… genre, dans du sirop???...Question existentielle de littérature à laquelle répondra sûrement M. Le Factotum…) et comme on peut si bien le dire ici, les érables coulent à plein. Ça fait six nuits que le sommeil me fuit. J’ai la tête prise comme dans un étau malgré les comprimés d’acétaminophène-chlorhydrate-de-pseudoéphédrine et le sirop de bromhydrate de dextrométhorphane achetés hier, le cœur gonflé d’espoir.  Mais…

Ne me reste plus qu’à espérer passage du Temps en siestant et en me laissant bercer par une pluie imprévue…

*marque déposée

Commentaires

Le factotum a dit…

"J’ai les yeux noyés dans l’eau..."

Si pleurer il vous faut,
Les yeux noyés de larmes,
Tant elles se mettent à couler.

Prompt rétablissement.
Merci M. Le Factotum! Votre poésie me soulage...

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