« … Je ne peux
m’empêcher de partager ce très beau conte de Jacques Salomé, déposé tel un
précieux présent dans le panier de ma Vie culturelle vendredi soir, et qui éveille
en moi, quelques secrets désirs…
Le conte de l'homme qui
semait des rêves de vie
Il était une fois un homme qui exerçait un bien curieux métier. Un métier qu'il avait inventé au mitan d'une vie mouvementée et qu'il pratiquait au quotidien de ses rencontres.
Un métier rare qui
consistait à semer des rêves de vie chez les personnes qu'il croisait.
Oh! Ne croyez pas qu'il imposait quoi que ce
soit, pas du tout! Dans une rencontre, après quelques échanges, il déposait
quelques mots, une phrase, une image ou une métaphore, et son interlocuteur
repartait, ensemencé, d'un rêve qui allait se développer en lui dans les
semaines, les mois ou les années à venir. Car il y a des rêves qui ont besoin
de beaucoup de temps pour mûrir, se développer et un matin ou un soir éclore au
grand jour de la vie d'un homme ou d'une femme.
Vous allez me demander
bien sûr comment il procédait, comment il arrivait à trouver ces mots, ces
petites phrases qu'il déposait, chez ceux qu'il rencontrait.
De la façon la plus
simple. Tout d'abord il écoutait. Tout simplement il écoutait. Il écoutait avec
ses yeux, il regardait avec la totalité de son corps. Il appelait cela labourer
le terrain, pour le préparer.
Puis il disait :
- Dans ce que vous
venez de dire, voici ce que j'ai entendu.
Et à ce moment là il
répétait au plus près ce que venait d'énoncer l'autre devant lui.
Il redonnait ainsi
simplement, respectueusement, à la personne ce qu'elle venait de lui dire. Il
appelait cela débroussailler, élaguer. Et le plus souvent il y avait, entre ce
que la personne avait exprimé et ce qu'il renvoyait, un léger décalage, un
espace ouvert pour une écoute nouvelle. L'homme qui semait des rêves de vie
savait que la véritable écoute est celle qui permet à celui qui parle
d'entendre enfin ce qu'il dit.
Cet homme-là faisait peu de demandes,
posait peu de questions, il y avait en lui comme une sorte de pudeur à dépendre
de la réponse de l'autre. On sentait parfois en lui la trace, le souvenir de déceptions,
et même de blessures anciennes.
Dans les premiers
contacts, sa vulnérabilité étonnait et peut être cela permettait-il aussi à
ceux qu'il rencontrait d'oser se dire en confiance, dans un lâcher-prise
libérateur.
J'en sais plus d'un et même plus d'une chez
lesquels il a semé l'envie d'exister plus fort, plus pleinement. J'en connais
qui lui doivent quelques-unes de leurs plus belles naissances. Je crois qu'ils
sont nombreux à apprécier de ne se sentir en rien redevables de ces instants de
liberté où un rêve s'éveilla en eux et commença de transformer leur vie.
Si vous mêmes êtes
attentifs, présents à l'imprévisible d'une rencontre, vous allez certainement
croiser le chemin d'un semeur de rêves. Ils sont plus nombreux que vous ne
l'imaginez.
Et peut-être vous qui
me lisez à l'instant, êtes vous un semeur de rêves sans même le savoir…*
… Peut-être bien…
Peut-être bien… Osez le croire…»
* Texte tiré
de http://forum.psychologies.com/psychologiescom/Vivre-une-separation-divorcer/conte-salome-sujet_2162_1.htm
« Contes
à semer », Amos, février 2017
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Commentaires
Au plaisir!
Merci Fitzsou de partager un si beau texte!