« … L’été indien suivait imperturbablement son cours. Le soleil
avait atteint son zénith quelques heures avant notre arrivée. Il s’apprêtait à éteindre
ses dernières lueurs dans la brillance des eaux du lac Lemoyne où nous venions
à peine de poser notre mince bagage.
Dans l’Auberge, un groupe
imposant de violonistes et autres musiciens, attaquaient avec précision quelques
notes encore récalcitrantes. Les portes grandes ouvertes de la cuisine diffusaient
mille parfums faisant crier nos estomacs en mal d’être nourris.
Silence!
Lever du rideau!...
À notre table, coïncidence : M et Mme Naud sont des Amis de Cousin
Jed. Instantanément, des liens se tissent. La soirée se déroule, conviviale.
Baisser
du rideau! Silence…
Nous étions fins seules à profiter d’une nuitée dans l’immense bâtiment
truffé de billes de bois cumulant des centaines d’années de Vie. Voulant sans
faute goûter l’impressionnante quiétude émanant de la désertification des
lieux, je pris place tout en-haut de l’escalier, sirotant un dernier verre de
rouge.
Perdue au fond des bois, j’appréciais le confort de cet endroit bien
trop vaste pour deux, mais si beau. Je pouvais presque ressentir la fusion des
poutres fondues l’une dans l’autre.
L’obscurité avalait les salons abandonnés
et donnait une allure lugubre aux têtes empaillées. Du bout des doigts, je
caressai celle sympathique (!), d’un énorme ours polaire.
Au moins
une fois dans ma Vie, j’aurai…
Délaissant l’escalier pour l’errance, je me retrouvai confortablement
assise sur une causeuse rouge sang. Perdue dans mes pensées, je me sentais
étrangement observée. Me retournant, dans la demi-noirceur, je perçus des
regards insistants. Insister…
À mes côtés, un renard et un jeune ours se promenaient au-dessus de la
verrerie…
Fallait le voir pour le croire!...
Fut-ce le vin qui étira mes lèvres d’un sourire?...
Je finis par me glisser sous l’édredon blanc. La nuit entreprit son
rythme de rêves-sans-queue-ni-têtes. En moins de Temps qu’il n’en faut pour l’espérer,
le jour reprit pied dans un soupir.
Le soleil brillait à nouveau. Nu-pieds, je sortis le saluer. Le vent
était froid mais tolérable. Je m’attardai quelques instants avant de reprendre
la séance de songes éveillés.
C’est à ce moment que Jeune Sœur Chérie se pointa sur la mezzanine avec
son habituelle bonhomie, lançant un vibrant « Bon matin »!
La journée prenait un nouveau visage. C’est là que l’on décida de
dénommer ce nouveau p’tit-camp le... « SylAni » !
Ben quoi? Vaut mieux que les idées se suivent même si elles ne se
ressemblent pas vraiment.
N’est-ce pas
?... »
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