Passer au contenu principal

Marie-Ludivine, Havre-aux-Anges (5)



Le restaurant était chic, un peu guindé même. Desneiges s’y trouvait à l’aise puisqu’elle y travaillait déjà depuis plusieurs mois. Pour elle, il avait été facile de suggérer l’endroit à cet homme venu de l’Abitibi pour la rencontrer. 

Situé au coin de Peel et Wellington, la vieille façade de briques rouges était parsemée ici et là, de carrés de verre qui finissaient par en faire comme un écrin pour bijou précieux. Au-dessus de la porte principale, l’écriteau « Chez Charlie », se balançait lentement au gré du vent. Un paillasson d’un brun chocolat, reprenait en lettres dorées, le nom de la place. 

Le menu, caché sous son enveloppe de verre, annonçait les plats gastronomiques que l’on pouvait déguster selon nos envies du moment.
Pour l’époque, l’endroit avait une excellente renommée et son propriétaire, Arthur Plicteau, s’enorgueillissait  d’être un hôte avenant et très attentionné. Son personnel était traité aux petits oignons, c’était le cas de le dire. Il y avait donc peu de mouvements de personnel, et la clientèle se réjouissait de retrouver mois après mois, les sympathiques serveurs et serveuses.

Desneiges ce soir-là, avait choisi une table tout près de la fenêtre. Ce n’était pas exactement son endroit préféré mais faute de n’avoir pu occuper celle dans l’alcôve, elle s’en accommoderait. Elle déplia sa serviette de table qu’elle déposa soigneusement sur ses genoux, pour tromper bien inutilement, la nervosité qui faisait trembler ses longs doigts de pianiste.

Son cœur était tout en émoi. En fait, depuis sa dernière rupture avec Misaël, l’avocat qui l’avait si maladroitement laissée tomber quelques mois auparavant, c’était la première fois qu’elle osait remettre ses émotions à la flotte. 

Quant à savoir ce qu’il adviendrait de ce pas, elle faisait confiance au Saint Patron des Amoureux, ce cher Valentin, qui ne tarderait certainement pas à approuver ou désapprouver cette rencontre inusitée entre elle, simple serveuse, et cet homme, travaillant en mécanique d’aéronefs. Cela l’avait quelque peu prise au dépourvu lorsqu’elle l’avait appris. 

Était-ce à dire que ce serait un homme qui ne resterait pas en place? 

Un homme qui passerait la majeure partie de son temps absent?...

Commentaires

Messages les plus consultés de ce blogue

Eau et écorce: l'affaire est chocolat!

« … J’avais prévu le coup : l’alarme devait m’extirper de mon sommeil avant même que l’aube ne se pointe. Il y allait de la qualité de l’eau… 3 :45h- Ça en était terminé de ma nuit de rêves sans fin. Il était Temps de sauter dans mon jean et d’enfiler un coton ouaté. Pâques m’attendait… 4 :20h- J’arrivai un peu à l’avance. Les lieux étaient déserts si ce n’était un véhicule à l’aile gauche drôlement cabossée, garé sur le bas côté.  Je saluai le jeune homme qui remontait la pente chargé d’un « jelly can » que je présumai, pleine d’eau de Pâques. En échange, je reçus un discret signe de tête. Pourtant, je me disais que pour croire à cette tradition, il devait y avoir un brin de folie en lui non?... Ça ne m’a pas semblé être le cas. Peut-être était-il beaucoup trop tard pour lui plutôt que beaucoup trop tôt?...  Peu importe… Mes Amis se pointèrent vers 4 :30. À tour de rôle, on prit une gorgée de l’eau...

Acculée au pied d'un mur...

... Vendredi soir: je suis accroupie au bas de cette immense porte de plexiglas refermée sur les secrets d’années de vie d’un commerce devenu fantôme... ... J’ai le visage tourné vers ce soleil, à en gober jusqu’au dernier atome d’énergie qu’il peut me fournir en cette fin d’après-midi automnal... ... Suis en baisse... Heureusement, P’tit Bonheur et Méo se trouvent près de moi... Fidèles amis... Le « Nous vous donnerons une réponse, au plus tard la semaine prochaine. » est maintenant chose du passé... et comme le « temps n’est rien »... alors, ne me reste plus qu’à attendre « LA » bonne semaine prochaine!!!... Mode attente, une fois de plus... Est-ce que le simple fait d’avoir passé l’entrevue téléphonique suffira à m’avoir fouetté suffisamment les sens ( et le sang ) afin que je poursuive ici ma route, dans le quotidien de mon « petit fond de rang »??... ... À suivre... Comme de raison... Mais voilà! Il me semble que ce soir, j’en ai ma claque de me sentir raisonnable. D’être « comme ...

La rivière-du-Loup...

Des smel' et des pommet' des as de piq' Des rav' et des carot' des manch' de piq' D'la fleur d'la poch' d'avoin' des souliers d'boeuf Des fill' et des garçons heureux Elle a un trou ma marmite, Elle a un trou par-dessous La rivière-du-Loup est large, large La rivière-du-Loup est large partout!... Des smel' et des pommet' des as de piq'............ Elle a deux trous ma marmite, Elle a deux trous par-dessous... (clin d'oeil à mon Amie So de Kuujjuaq-Rivière-du-Loup et à l'Ami Pat de Rimouski, à qui j'ai cassé les oreilles pendant quelques kilomètres entre Rimouski et L'Islet-sur-Mer, en février dernier...) ;-)