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Leçon de vie ou…



… questions de vie ou de mort…

Octobre le 31 : aussitôt débarquée du vol 821 Kuujjuaq-Québec sur les ailes d’Air Inuit, je signalai le numéro chez-lui. Après quelques sonneries il me répondit. 

« Est-ce que tu peux venir me chercher s'il vous plaît (… quand même…)? Je suis en avant de l’aérogare. »

« Je me change et j’arrive. » me répondit-il.

Une quinzaine de minutes plus tard, je reconnaissais les lignes sobres de la voiture grise qui longea le trottoir pour s’arrêter à ma hauteur, tout juste à l’entrée des départs. J’ai ouvert les bras comme il ouvrait les siens et cette étreinte non feinte nous ramena right through à nos racines familiales Abitibiennes ce, même en plein Québec. 

Ah! Ces liens de sang!…

On passa la soirée ensemble. Nos histoires s’entrecroisèrent dans un chassé-croisé emmêlé mais toujours compté. Faut dire que lui et moi on s’y connait (ssait) en danse sociale puisqu’ados on s’amusait à apprendre, justement une myriade de pas de danse. 
La soirée se dégustait au même rythme que défilaient les plats thaïlandais devant nous jusqu’à… ce que l’on en vienne à parler d’une connaissance commune, décédée quelques jours plus tôt des suites de « la » maladie...

L’histoire de vie est belle : une carrière florissante dans l’aviation, une belle famille, des rêves anticipés en voie de réalisation, l’achat d’une terre, quelque part en bordure d’un fleuve long et tranquille, l’amitié entre deux hommes, le travail manuel comme antidote à la bureaucratie... 

Puis vint l'histoire de mort, la vilaine toux, les taches rougeâtres sur le sol, la consultation, le diagnostic, les traitements, ceux qui tuent alors qu’on est encore en vie, et finalement plusieurs mois plus tard, le verdict final et irrévocable, l’inopérable, la conclusion…

Cet Ami a fermé les yeux sur sa maigreur, sachant que c’était là son dernier envol, son dernier vol… Le voyage qu’il s’apprêtait à faire le mènerait vers des cieux encore inexplorés, ceux jamais atteints durant toute sa vie de pilote.

Et moi cet homme, je le connaissais depuis l’été de mes 17ans, alors même que plongés dans nos rêves de vie respectifs, nous apprenions ensemble les rudiments de base du « comment s’envoler dans le ciel et en revenir sain et sauf... ». 

Sauf que… sauf que… 

... sauf que là, maintenant, lui il sait qu’il y a un voyage, dont on finit par ne jamais revenir…

Leçon de vie: « Vivre le moment présent à sa pleine grandeur, à la douce mémoire de P B… »

photo: "Garde à vous!", Amos, mai 2011 
 

Commentaires

matin d'automne a dit…
Fitzsou, ma chère Fitzsou, ton billet est une splendeur. Quel bel hommage à ce pilote! J'ai apprécié chaque mot, tu m'as fait partager ton émotion. Je salue ton ami inconnu qui est allé rejoindre, dans un dernier loop, ses amis, ses proches et les tiens, les miens et les nôtres.,,
Matin d'automne, c'était un si petit cri du coeur. Je savais depuis l'hiver dernier qu'il était malade.
Comme il avait lui aussi cinquante quatre années de vie derrière lui, ça m'a ébranlée, et une fois de plus, je réalise comment la mort peut nous surprendre à chaque tournant... de vie...
Bon vendredi à toi xoxoxo

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