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Je me souviens…

… c’était un lundi, il y a trois années de cela. J’étais débarquée à Kuujjuaq sans y connaître un chat, ayant laissé mon P’tit Bonheur derrière moi, une famille, des amis. Je n’avais pour seuls bagages (en plus de mes trente-neuf boîtes) que l’impétuosité d’Arrière-Grand-père Napoléon, le courage de Grand-Mère Antoinette, la détermination de Papa Fitzsou et mes peurs de femme de cinquante-deux ans ! 


Il y avait peu de neige au sol, mais le froid mordait mes chairs dénudées. Beaucoup de voitures circulaient dans ce si grand petit village aux maisons juchées sur des talons hauts en métal. C’est dans un tout petit deux pièces et demi sale et défraîchi, que dès le premier jour, je repliai mes ailes sens contraire, pour tenter de calmer mes angoisses, raccommoder mon cœur qui tombait en lambeaux. et me consoler de ce que je croyais être la plus monumentale gaffe de ma vie…

De ça aussi je me souviens très bien…  Mais...

... La quatrième journée après mon arrivée, je marchais dans les rues avec les locaux pour souligner le «je ne me souviens plus trop quoi day». Une centaine de personnes dont plusieurs jeunes, brandissaient des pancartes bien hautes, circulant en file inuit. Les voitures suivaient, klaxonnant. J’assistai à mon premier repas communautaire dans ce qui deviendrait quelques mois plus tard, « ma » salle de cinéma : les gens étaient assis par terre, la viande glacée posée sur des cartons, les femmes, un ulu à la main, la découpaient en tranches plus minces que du papier… comme si elles tentaient d’étirer le merci d’en avoir...

Je me souviens encore...
 ... de cette espèce de joie de rencontre flottant dans l’air, de cette langue gutturale, aux syllabes incompréhensibles... pour moi, pas pour eux. 

Parce que tout ça, c’est encore et toujours, mon quotidien, trois années plus tard…

photo: "Faut que départ se passe", St-Mathieu d'Harricana, octobre 2009 

Commentaires

Ça me dit un petit quelque chose cette photo-là!!!!!
Bonne Amie G: et comment que tu dois t'en rappeler! Tu as été l'une des membres du "quatuor" ayant participé au "paquetage"...
Ça semble loin n'est-ce pas? Parfois j'ai l'impression que le temps passe vite... et parfois j'ai l'impression qu'il se traîne en longueur...
Drôles de perception tout de même!
Bon week-end! xoxoxo
Même perception pour moi aujourd'hui concernant le temps; il traîne en longueur! xoxoxo
Oh ma Bonne Amie G: laisse ton regard se perdre sur l'étendue glacée de ton lac dans ce temps-là... C'est tellement, tellement apaisant...
Mais ça, tu le sais déjà...
Bon et "juste correct" dimanche!
xoxoxo

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