Ça se voulait un deuxième coup
d’essai longue distance: me rendre à Oka, soit à 12.4km tel que stipulé
par Google map. Lorsque sonna 10h,
j’enfilai le sac qui m’attendait sagement à la porte, comme l’aurait fait un
fidèle compagnon.
Il pleuvassait. L’air était frais.
En mon for intérieur, je m’étais dit que ce serait somme toute, une belle
journée pour faire le trajet. Somme toute…
J’avais fait la route jusqu’à
la Montée Ste-Sophie par le passé. Jusque-là, pas de surprise. Je gravis la
côte qui m’amena jusqu’à la croisée du rang de l’Annonciation. Je m’assis
quelques instants sur une large pierre plate, au pied de la vieille croix de
chemin. J’avais parcouru la moitié du chemin.
La pluie ne s’essoufflait pas.
Je trouvais que le ruban de kilomètres
s’allongeait à l’infini malgré la beauté
à certains endroits, d’un paysage tout agricole. J’étais soule de fatigue quand
je poussai la porte du Resto-bar de la Traverse sur rue des Anges. L’adresse me plut…
L’endroit était désert sauf
une tablée. La serveuse m’accueillit avec chaleur malgré mon état dégoulinant. « J’irais me changer. » lui dis-je d’emblée.
« Bien sûr, prenez tout votre Temps. »
répondit-elle.
Plus confortable dans des
vêtements secs, je commandai ce qui me semblait le plus léger repas tout en étant
soutenant. J’observai par la fenêtre, les derniers bastions, silencieux témoins,
des inondations récentes. Le lac n’avait pas encore, tout à fait repris sa
place.
Avec Chantal (à ce
resto, sans vouloir être indiscrète, j’appris que les serveuses de jour et de
soir se prénommaient ainsi), j’échangeai quelques propos. Je voyais
le Temps passé. Déjà 14h. Je calculais qu’il me prendrait un bon trois heures pour
le retour. Chantal me dit : « Si
mon patron me dit que je peux y aller, je pourrais aller vous mener. »
Au point où j’en étais côté motivation, barre sous zéro, en riant je l’informai
de l’itinéraire projeté. Désolée, elle m’avoua que son chemin la mènerait à l’opposé.
Dans le fin fond de moi, me suis dit que si j’avais à avoir une autre solution
que celle de marcher, ça arriverait…
Je remontai l’Annonciation. J’avais
déjà 2km de fait (vérifié au compteur à l’aller!),
quand je m’arrêtai pour retirer le poncho-à-un-dollar enfilé par-dessus l’imper,
ainsi qu’un chandail de trop et enfin, ajouter une paire de liner dans mes bas. Encouragée, je me
disais qu’il ne me restait qu’une dizaine de km…
Comme je replaçais le sac sur
mes épaules, une voiture noire klaxonna en s’arrêtant à ma hauteur. Je reconnus
Chantal. « Je vous avais oublié. J’ai
fait demi-tour. Me suis mise à votre place et me suis dit que j’aurais aimé ça
moi, que quelqu’un vienne me reconduire vu la température. »
Je n’en revenais pas de tant d’altruisme.
J’ai glissé l’Osprey 36L mouillé sur la banquette arrière de son Kia-neuf-de-deux-jours.
Elle m’a déposée chez-moi après m’avoir livré un peu de sa Vie.
Avant de refermer la portière,
je l’ai chaudement remerciée en lui promettant d’aller la saluer quand le Chemin
des Outaouais nous mènerait à Oka (le 17 juin…)
Et
si jamais votre route vous mène aussi un jour jusqu’à ce resto, rappelez-vous
de la générosité qu'a eu Chantal envers moi…
Commentaires