… une longue, longue route parsemée
d’embûches. On y trouvait entre autres, gisant en plein milieu, des marmites
géantes évidées, que l’on devait déjouer à grands coups de roues.
Sur plusieurs kilomètres, on apercevait
des branchages recourbés, tels des faux cils ayant fait la fête. Si on osait
les frôler, ils se laissaient glisser impunément sur la carrosserie, dans un
bruissement déchirant.
De façon stroboscopique, la
succession d’ombres obnubilantes venait abrutir la valeureuse conductrice
tentant de franchir la distance la séparant de son refuge.
Ce tortueux ruban de
pierrailles esseulées, accueillait une multitude de petits animaux, les uns
totalement désinvoltes face à la Vie se déroulant autour d’eux, les autres, sous
des airs de pimbêche, jouaient à cache-cache sous le feuillage rassurant de la
forêt.
Point d’ursidés visibles, si
ce n’étaient que quelques excréments expulsés ici et là. Point de cervidés non
plus. Que des léporidés et quelques gallinacés s’en donnant à cœur joie.
Au bout de ce qui semblait
être un interminable chemin, gîtait le SylÉmi. Blotti parmi ses feuillus, il
avait été bien malmené depuis quelques semaines, subissant sans un mot, de
nombreuses améliorations décrétées essentielles par l’une de ses Maîtresses.
Mais voilà. Le Temps avait
fait son œuvre. Le SylÉmi retrouvait en cette fin d’après-midi, sa quiétude des
quinze dernières années, un léger rafraîchissement en plus, quelques odeurs
nauséabondes en moins.
Ainsi va les bois…
Il pouvait maintenant fermer
les yeux et se reposer un peu, avant que ne revienne la Femme, quelques autres machiavéliques
plans en tête, dont celui de poursuivre l’incessante guerre contre ces importuns
muridés…
L’histoire suppose que le
SylÉmi vivra heureux, beau et accueillant, encore plusieurs dizaines d’années…
FIN
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