« …
Fallait que je revienne là-dessus. Parce
que l’histoire fait partie de celles des incroyables, du genre que les incrédules
ne peuvent imaginer, mais que les crédules eux, attendent, entendent, espèrent
continuellement…
Je
suis une régulière, une routinière un brin toquée. J’ai mes habitudes, en
particulier en ce qui concerne le port des bijoux. J’ai un faible pour les bagues,
pour les boucles d’oreilles originales. Comme celles du billet du 26 septembre
dernier. Semblable à…
Comme
celles dont il est question aujourd’hui, des boucles finement ciselées dans l’argent.
Un bijou résumant ce Nord m’ayant hébergée pendant les cinq dernières années. Que
voulez-vous? J’ai un faible pour ces longues boucles d’oreilles qui se
balancent à chacun de mes mouvements de tête. Et Dieu seul sait combien je peux
la bouger souvent ma tête quand je me mets à jaser. Elles suivent mes mains. À
l’italienne paraît-il…
Je
demeurais encore à Kuujjuaq. C’était la dernière semaine. Ce jour là, j’avais
enroulé un long foulard autour de mon cou. Comme je le fais depuis des années. Je
portais les Inukshuits. Comme je les portais depuis le jour de leur acquisition
en juin. Elles avaient vu l’Angleterre. Elles m’étaient précieuses.
C’est
en revenant du bureau, que je m’étais rendue compte qu’il en manquait une. Dans
une sage panique (je sais, c’est paradoxal mais ça illustre
bien aussi mon état d’âme du moment…), une petite voix me
disait que je la retrouverais, qu’elle n’était pas perdue. Pour de bon. Mais…
J’avais
quand même farfouillé dans la neige des derniers mètres menant à l’appart,
examiné attentivement l’entrée et même l’appart de long en large. Puis, j’avais
lâché prise et… espéré!!!
Il me restait encore quelques allers-retours à faire chez ma voisine l’Amie Sue. J’apportais ce
dont j’aurais besoin pour la semaine de squattage
chez-elle. Tout à coup…
En
baissant les yeux, j’avais vu briller un éclat d’argent sur son tapis d’entrée.
La boucle égarée, retrouvée. Tout en émoi, j’avais raconté l’histoire à l’Amie
Sue. Moi, je n’en revenais pas…
Fin
novembre. Amos. Je reviens de ma visite chez Papa Fitzsou. Zut! Même scénario. Une
fois de plus. Je m’aperçois qu’il me manque une boucle d’oreilles. La même
paire. L’Inukshuk.
Peinée
légèrement (comme lorsque je sais en mon fort intérieur que l’objet
perdu sera retrouvé), je m’étais dit candidement « … s’il
te revient il est à toi… s’il ne te revient pas, c’est qu’il ne t’a jamais
appartenu… » Tout aussi naïvement, je me disais que si ça valait pour les
humains ou animaux, ça devait fonctionner pour les objets… Advienne que pourra…
Pourrait…
Quelques jours plus tard…
… Je
suis assise dans le petit salon au bout du corridor du Centre d’hébergement avec
Papa Fitzsou. Je replace soudain le petit fauteuil berçant sur lequel je suis
assise pour le remettre à sa place quand mon regard est attiré par quelque
chose de brillant dépassant SOUS la patte du fauteuil.
Devinez?
Oui,
ma boucle égarée, coincée, demeurée en position statique, n’attendant que mon
retour. Quelle veine!!!
Depuis
ce jour, je ne peux me résoudre à les porter à nouveau. J’ai peur du
« jamais deux sans trois »...
Je termine avec
ce que j’ai déjà si bien écrit : « Que puis-je ajouter? Que je suis heureuse? Bénie des Dieux? Ou
peut-être même, des Grands Esprits?… Allez savoir… »
Mais une chose
est certaine : ces boucles d’oreilles sont vraiment munies d’un subtil signal
de localisation!!
"Les baladeurs", novembre 2014 |
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