Nous venions à peine de quitter Kuujjuaq. Le pilote nous avait avisés avant le décollage qu’il effectuerait certaines vérifications de routine matinale. Donc la diminution des révolutions des moteurs en début de piste, ne m’inquiéta pas outre mesure…
Une fois en vol, la mousse des nuages nous enveloppa rapidement, ne faisant qu’une bouchée du petit appareil de type Beech King Air 100 chargé à pleine capacité et de passagers, et de bagages. On nous avait avertis que la météo n’était pas très belle à Puvirnituq et qu’un détournement vers Inukjuak était possible. Je crois que le pilote a ajouté « we’ll see »… (!)
Une quinzaine de minutes après le décollage, un très bref instant, il y eut une coupure dans le ronronnement rassurant des deux moteurs. Sans conséquence immédiate, mais la surprise ne fut pas grande quand pour la troisième fois depuis l’embarquement, le pilote se tourna vers nous, nous expliquant qu’un problème mécanique l’obligeait à rebrousser chemin et à retourner à Kuujjuaq « to fix it ». Moi qui à peine quelques minutes plus tôt, avais déjà l’impression de me trouver en sécurité dans ce ventre de tôles, bercé par les vibrations cherchant à me rappeler, la vie d’avant ma Vie, celle bien à l’abri, près du nombril de ma Mère... J’eus l’idée que mon périple de deux semaines avait une drôle de façon de me piquer un clin d’œil…
La suite…
Minuit… je me glisse enfin entre les draps pourpres prêtés par le Centre de Santé alors que je squatte dans l’un de leurs appartements inoccupés. Auparavant, je m’étais retrouvée bien malgré moi, coincée dans un souper « ministériel traditionnel » avec une délégation de Français venus s’inspirer de la télémédecine au Québec mais vu du Nunavik. Par chance, l’omble chevalier cru et cuit, le pâté à l’oie et le ragoût de caribou furent un délice. Sans compter la démonstration « live » de chants de gorge qui me donnèrent la chair de poule de par la beauté de l’exécution (et la beauté des chanteuses!). Leurs sons gutturaux devaient hanter la nuit qui suivrait… Il y avait quelque chose de vibrant, de touchant, à la limite de déchirant dans l’air, surtout avec les commentaires qu’Alupa semait ici et là…
Merveilleux moments… malgré tout…
p.s. nous avions finalement quitté Kuujjuaq vers 18 :00- arrivés à PUV vers 20h- Ce n’était pas ma destination de départ, mais j’avais tout de même un bout de fait… Demain, le vol se poursuivrait, je l’espérais, vers Umiujaq, si la météo le permettait…
Commentaires
Comme c'est étrange!