Je suis en phase « allègement ».
Non pas que je perds du poids… Non. Plutôt, je m’occupe à trier mes effets
personnels en vue du déménagement prochain. Question de n’apporter avec moi,
que ce dont je me servirai vraiment. Coup
de pratique pour peut-être un jour, habiter une mini-maison.
Dans cet ordre d’idée, j’avais
retiré de la pièce de rangement, le gros bac en plastique contenant toutes les
photos. Réparties dans des albums ou simplement, glissées dans des sacs
plastique, mon but était de les regarder une à une afin de déterminer celles
que je conserverais avec intérêt et celles dont je pouvais me séparer à tout
jamais.
Dans le lot, se trouvaient
deux albums ayant appartenu à mes parents. L’un concernait en presque totalité,
les premières années de Grand Frère. L’autre, touchait à la famille de Maman Fitzsou,
originaire de Rivière-Ouelle, petit village du Bas du Fleuve.
Je
libérais une à une les photos en noir et blanc, retenues par de petits
triangles noirs sur des pages noires. Un drôle de sentiment m’habitait. Comme
si je commettais un sacrilège. Comme si je manquais de respect à tous ces
visages qui m’étaient inconnus, souriant et gardant la pose, tout près de la
maison de Grand-Mère Maternelle. Tous ces paysages
lointains épiant d’autres Vies...
Soudain, je mets la main sur une
série de clichés. À l’endos de l’un d’eux, je lis : « incendie de l’église
de Ste-Anne, 2 avril 1948 ». Intriguée,
je fais une recherche. Le lien s’ouvre sur la page du
journal Le Placoteux, où je retrouve exactement la même photo que celle
que je tiens entre les mains.
Je suis incapable d’en détacher
les yeux. Je sens en-dedans de moi, comme une déchirure, une brûlure. Pourtant, ce feu
a eu lieu bien avant ma naissance.
Ces
silhouettes se découpant sous la pluie, réfugiées sous un parapluie devant l’église
en flammes, me troublent. Je m’explique mal cette réaction. Un mot me vient : bouleversant!
Je ne peux me résoudre à les
jeter. Alors voilà que me vient l’idée de les faire voyager. De les retourner
dans leur région d’origine. Après tout, j’ai encore des Cousins-Cousines qui vivent par en-bas. Peut-être que pour eux, ça éveillera des souvenirs.
D’ici
là, je conserverai précieusement, ces dizaines de parcelles de Vie, bien à l’abri du feu et de la pluie…
Commentaires
Cette époque bénie est révolue, on le ressent en te lisant. Aujourd'hui, on ne conserve plus les photos enchâssées méticuleusement comme des objets précieux dans ces petits triangles apposés dans les albums qu'on aime à regarder ensemble.
Si tu t'en défais un jour, il y aura beaucoup d'intérêt pour tout cela aux Archives nationales du Québec, le BANQ (Bibliothèque et archives nationales du Québec).
Et si je laisse vagabonder mon imagination, l'une d'elles pourrait très bien illustrer ton premier roman?
Bonne idée ça... me servir de l'une d'elles pour illustrer un premier roman...
On tient peut-être un filon là... ;-)
Mais j'en ai d'autres. Beaucoup d'autres. Et j'en ai aussi conservé quelques unes concernant le Bas du Fleuve.
À suivre...