La faim ne me tenaillait
pas encore suffisamment pour que je me dirige vers la salle à manger. Je
continuais d’aligner patiemment des rangées de chiffres, dans l’ordre ou dans
le désordre, sur la grille excel que
m’avait si gentiment modifiée Collègue D. J’étais totalement absorbée par les
chiffres apparaissant sur mon écran quand tout à coup, retentit le grésillement
de l’appel général :
« Attention!
Attention! Code jaune. Trente-trois passagers. Atterrissage prévu dans quinze
minutes. Restez disponibles...»
Le silence est tombé aussi
lourdement qu’un coup de masse l’aurait fait sur un œuf…
J’ai senti mon cœur
s’arrêter de battre. Comme une automate j’ai ramassé mes vêtements et mes
bottes et partis à la recherche d’une Consœur infirmière. J’en savais deux en
congé, un à l’extérieur du bâtiment et comme nous sommes cinq en tout… (!)
Je trouvai Collègue A dans
son bureau. Elle travaille au Nord depuis neuf ans et sur ce, en a travaillé sept
au Centre de Santé. Elle m’expliqua donc calmement à quoi on pouvait s’attendre. À peu
d’intervalles, deux autres Collègues, responsables des mesures d’urgence, vinrent
tour à tour s’assurer que nous restions disponibles.
« Nous sommes là, nous sommes là… »
pensai-je.
Je retournai à mon bureau
et essayai de travailler.
En
attendant…
Chaque bruit de moteur me
faisait lever la tête et regarder par la fenêtre direction aéroport. Pendant ce temps, le
village semblait se préparer à aller dîner comme d’habitude (l’Amie So m’apprit plus tard qu’on
avait cependant barré la route menant à l’aéroport)…
Les minutes finirent par
passer. Le haut-parleur grésilla à nouveau.
« The code is over, the code is over… » Du coup, je retirai mes lunettes, ramassai ma tasse et me dirigeai vers la salle à dîner.
Mais juste avant...
... j’avais remercié Celui, qui du
Ciel, avait tenu le « sky hook »*
bien solidement…
* sorte de porte-bonheur pour les
pilotes qu’on laisse dans l’avion et qui les rattache au Ciel…
photo: "Code jaune", Kuujjuaq, 12 mars 2013
Commentaires
As-tu su pourquoi il y avait eu un code jaune finalement?
Je ne crois pas que ce soit non plus une croyance très populaire en aviation, du moins, le jour où j'en avais appris l'existence, c'était la première fois que j'en entendais parler. Pourtant, Papa Fitzsou a passé sa vie dans l'aviation (par le fait même, j'en ai passé aussi une bonne partie!)
Le code jaune fut pour un indicateur de train d'atterrissage sur le Boeing 737 qui ne fonctionnait pas.
Quand on se met à la place des 33 passagers...
p.s. je porte toujours un "sky hook" dans mon coeur quand je prends l'avion... Ça me rassure...
Bonne journée Matin d'automne!
J'espère qu'on a pas trop déranger de gens.
Annie, quelle belle surprise! Je ne savais pas que tu lisais ce blogue! Tu me fais plaisir-là!
Et crois-moi, une chance que tu étais encore sur place ce midi-là!
;-)
Intéressant ce que vous faisiez entre amies. Adolescente, j'écrivais aussi des poèmes...
Il faudrait s'en reparler un moment donné...
;-)