Ma vie est de papier. Partout
dans mon appartement, j’en dépose et j’en dispose : livres à lire, revues à
regarder, recettes à « ménager », lettres à écrire, impôt à préparer.
Cahiers d’écritures se multiplient et campent ici et là, toujours prêts à s’ouvrir
à moi, pour moi…
J’aime le froisser, le
sentir, le remplir. J’aime ses couleurs, ses grandeurs. J’aime les lignes ou
les carreaux, ceux sur lesquels on peut imaginer des maisons ou se dessiner un
rêve...
Sur la table du salon,
dans le petit meuble de l’entre-deux, sur mes tables de chevet, sur le petit
bureau : du papier… Dans mes sacs à bandoulière,
à mon lieu de travail, dans mes classeurs : encore et toujours… du papier!
Je le découpe, je le colle, je le fais parler ou prédire mon avenir...
Mais je ne
le mâche pas…
« …
Il ventait tellement hier matin. Un vent venu de l’ouest, s’agrippant à ma frêle
silhouette tel un déchaîné. Il ventait tellement, que j’ai eu peur de m’envoler,
de suivre les tourbillons de neige et de me mettre à planer au-dessus du « land »,
ou encore de survoler la Koksoak sans y tomber…
Il
ventait tellement qu’à un moment, tout est devenu blanc. Les pistes que je
suivais se sont transformées en invisibilités et j’ai eu peur de caler jusqu’aux
coudes d’avoir perdu leurs traces. J’ai craint le blizzard malgré la proximité
des habitations. Il ventait tellement trop…
Et
le soir venu, je n’ai pas osé reprendre la route. J’ai demandé qu’on m’amène
jusqu’en haut. Et là très vite, j’ai ouvert la porte et je me suis réfugiée,
bien à l’abri, dans ma maison… pleine de papiers… »
photo: "De neige", Kuujjuaq, mars 2013
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