La discussion avait
tranquillement pris naissance sur un rayon de soleil s’étant infiltré dans le
salon de l’Avenue du Soleil du midi.
De circonstance n’est-ce
pas?
Il était le troisième d’une
famille de seize enfants, précédé par deux filles. Elle était la troisième
d’une famille de dix-sept, précédée par deux garçons.
Un à zéro pour Elle!
Il
était né en 1921. Elle avait vu le jour, un matin d’août 1922.
«On
est du même âge. » dit-elle.
La Dame s’était installée à
ma droite. Je me berçais, tout en l’écoutant raconter la guerre de ‘39-’45, la
conscription, ses frères qui s’étaient cachés dans le puits pour échapper à
ceux qui venaient les chercher. Ses parents avaient fui Shawinigan pour venir
prendre terre à Landrienne.
Les parents et leurs
dix-sept enfants.
J’examinais curieuse, son
visage à peine ridé, ses cheveux poudrés de blanc. Je pouvais voir les veines
bleutées bien apparentes sous la peau translucide de sa tempe gauche.
L’Homme lui, prenait place en
face de moi. Il regardait par-dessus ses lunettes, cette Femme qui lui contait
un peu fleurette. Entre parenthèses… Secrètement, je tentais de comprendre ce
qui se passait dans le cerveau de l’un et de l’autre.
Grand mystère de Vie…
Un peu plus tôt, l’Homme m’avait
affirmé qu’il aurait cinquante-et-un ans (sic) le
13 mars. J’avais dû l’aider à refaire le calcul. Il avait été surpris de réaliser
qu’il se rapprochait drôlement du fait d’être centenaire. Ça l’avait fait rire…
La Dame l’écoutait,
attentive. Je lui ai demandé la permission de la photographier. Elle m’inspirait.
Elle hésita à peine quelques secondes. Alors à contre-jour, j’emprisonnai à
jamais son image dans mon cœur…
… en même Temps que le sourire
timide de mon Père…
« Entre
vous et moi », Amos, mars 2015
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