… et en riant, j’ajoute :
« Toi qui a toujours habité une grande maison, étais-tu vraiment obligé d’en avoir une encore plus grande?... »
Il laisse fuser un grand éclat de rire…
… Mais son rire se cale, l’eau monte dans ses yeux bruns un peu hagards…
« C’est chez-nous ici hein?... »
Tout à coup le désarroi le submerge…
« Je ne me souviens plus… »
La vieillesse a envahi son cerveau, autrefois déjà si allumé. Par son travail, il a de ses mains, assemblé pièce par pièce, tuyau par tuyau, avions de toile, a réfléchi sur les problèmes mécaniques de "ses" patients volants, les a soignés… Il a son certificat : « Doctor of motors »…
Aujourd’hui, ses pieds sont lourds et glissent plus qu’ils ne volent… Grimpée dans l’escabeau (qui doit bien faire dix pieds), j’installe des voilages aux hautes fenêtres pour faire plus habité, plus habillé… Il tient la base comme dans le temps, où on effectuait quelques travaux…
« Je vais t’aider… »
Et là, dans son regard, j’ai vu qu’il y avait encore ce vouloir de se sentir utile mais que le pouvoir, lui, n’y était plus…
photo : « Son Château… », Trécesson, Abitibi, mai 2011
(billet composé pendant mon séjour en Abitibi)
Il laisse fuser un grand éclat de rire…
… Mais son rire se cale, l’eau monte dans ses yeux bruns un peu hagards…
« C’est chez-nous ici hein?... »
Tout à coup le désarroi le submerge…
« Je ne me souviens plus… »
La vieillesse a envahi son cerveau, autrefois déjà si allumé. Par son travail, il a de ses mains, assemblé pièce par pièce, tuyau par tuyau, avions de toile, a réfléchi sur les problèmes mécaniques de "ses" patients volants, les a soignés… Il a son certificat : « Doctor of motors »…
Aujourd’hui, ses pieds sont lourds et glissent plus qu’ils ne volent… Grimpée dans l’escabeau (qui doit bien faire dix pieds), j’installe des voilages aux hautes fenêtres pour faire plus habité, plus habillé… Il tient la base comme dans le temps, où on effectuait quelques travaux…
« Je vais t’aider… »
Et là, dans son regard, j’ai vu qu’il y avait encore ce vouloir de se sentir utile mais que le pouvoir, lui, n’y était plus…
photo : « Son Château… », Trécesson, Abitibi, mai 2011
(billet composé pendant mon séjour en Abitibi)
Commentaires
Bien sûr, il y a et il y aura encore des beaux moments, des complicités partagées, tu le sais, il le sait aussi quelque part mais quand ses yeux s'embuent... les tiens se doivent de le rassurer.
Confidence pour confidence, ce soir encore, comme tous les mercredis, nous amenons Belle-Maman, 90 ans, (qui n'a plus toutes ses facultés) visiter son compagnon des dernières années, 95 ans, hospitalisé en attendant sa place au CHSLD. Lui a 12 enfants, nous devons ne pas les déranger, alors on attend dans le petit salon tout près, le temps que nos deux amoureux passent ensemble. Ils n'ont pas la notion du temps... Mais les retrouvailles hebdomadaires de ces deux personnes âgées que la vie sépare aujourd'hui, c'est tellement beau. Ils sont comme des enfants.
Personne d'autres que nous deux pour ça. Et même si ça nous demande beaucoup d'organisation au niveau de la logistique (c'est inimaginable) on va le faire le temps qu'il faudra. C'est trop important.
La vieillesse, oui, c'est parfois un naufrage. Mais nous pouvons être des bouées...
Un jour je te raconterai l'histoire de Papa Fitzsou... elle ressemble un peu à celle de "tes" amoureux!...xoxoxo
Peut-être oubliera t-il qu'il ne se souvient pas...