… j’habitais une petite maison
blanche blottie entre champ, rivière et piste d’atterrissage. Le soubassement
n’était pas aménagé. La cave, comme on l’appelait, avait moins de six pieds de
hauteur et le plafond laissait entrevoir les lattes du plancher de l’étage
au-dessus. Des blocs de béton creux faisaient office de murs et exposaient sans
retenue, les fissures du Temps.
À l’époque de mes six ans, s’y
trouvait un gros poêle à bois. D’ailleurs une bonne partie de l’espace servait
à entreposer les bûches pour l’hiver. C’était aussi un endroit où nous pouvions
aller jouer, nous tirailler, nous balancer (ma mère… (ou mon père?) avait
installé des balançoires suspendues à l’une des poutres).
Un jour, sans avoir de
souvenir précis de ce que je faisais, j’avais heurté un grand panneau de bois
piqueté de clous. En tombant sur ma jambe, il en avait déchiré la chair si bien
que j’avais eu de la difficulté à marcher pendant quelques jours.
Je fréquentais l’école
primaire de St-Mathieu, une classe à deux niveaux, vu le petit nombre d’élèves
en 1ère et 2ième. Comme je ne pouvais pas sortir à la
récréation, c’est une grande de 3ième qui me « gardait »
pendant ce Temps. J’allais m’asseoir dans sa classe et elle s’occupait de moi.
Elle se prénommait Gisèle.
Je ne l’ai jamais oubliée. Les
années ont passées. Nous sommes entrées chacune de notre côté, dans nos Vies adultes,
et travaillant toutes deux dans la même ville, nous nous sommes souvent
croisées.
Je la reconnaissais. On se souriait,
on se saluait. Ni plus, ni moins. Mais
j’ai toujours conservé le souvenir de sa gentillesse dans ce moment de jeunesse.
L’an dernier, la Vie lui fit une
grosse jambette : elle perdit fils et mari d’un bête accident d’avion alors
qu’elle combattait déjà, une crapuleuse maladie.
Ce matin, passant devant la Résidence
funéraire, j’ai vu qu’elle avait perdu son combat.
Ces
mots sont pour Toi, où que tu sois.
Salut Gisèle!...
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Une autre raison pour ne pas faire attendre le bonheur...