J’attendais, à l’arrêt prévu à cette fin, la 81
qui me conduirait à St-Eustache. Près de moi, des autochtones, que je crus à
tort, originaires de Kanasatake.
Deux fillettes aux longs cheveux couleur ébène;
un garçonnet débordant d’énergie; une jeune femme et une Dame plus âgée, à la
longue tresse poivre et sel scindant son dos en deux parties égales.
La Jeune Femme s’approcha de moi, s’informant
de l’heure de passage du bus.
« Twelve twenty-six. » lui répondis-je.
Elle me remercia et spontanément, lui lançai un « Ilaali * ! »
Ne me demandez pas pourquoi. Je me suis moi-même
trouvée un peu bizarre d’avoir eu ce réflexe, puisque, s’ils étaient mohawks, certain
que ce mot ne leur disait rien… Déformation? Souvenances ? …
Au terminus de St-Eustache, la 8 nous attendait
sagement. Tant mieux : ça éviterait la quarantaine de minutes d’attente.
Je me retrouvai aux côtés de la Femme tressée. Me tournant vers elle, j’osai
lui demander : « S’cuse me! Are you Inuit? » « Yes
I am! »
Je lui souris et lui expliqua l’intuition
précédente. Dans le petit autobus nous amenant au Métro Montmorency, elle vint
s’asseoir près de moi. Mon visage lui semblait familier, me confia-t-elle. Nous
nous sommes présentées : Suzie… Elle était sympathique, et notre
anglais parlé se fondait en un seul langage. De fil en aiguille, nous avons
tissé des liens : elle connaissait Larry et Silas, deux ex-collègues
Inuits. Et
Kathy aussi… C’est donc entre St-Eustache et Laval, que j’ai
repris contact avec le grand nord québécois. Étranges souvenirs mêlés de
nostalgie.
J’ai fait mes adieux à Suzie en débarquant sur
le quai du terminus.
Elle doit reprendre First Air à destination du grand nord
québécois dans une semaine...
* Mot inuktitut signifiant « bienvenu, de
rien »
Commentaires