Ce n’est pas un secret :
tous les deux jours, je traverse en fin d’avant-midi, les trois rues qui mènent
chez mon Père.
Tous les deux jours, je me prénomme
en arrivant. Il me sourit en lançant son traditionnel : « Ben oui, ben oui, je te reconnais! »
Ben
oui, ben oui…
Tous les deux jours, je le situe
dans le mois et l’année, lui rappelle son âge (« Je ne pensais pas que j’étais rendu à 96 ans! »).
Suivent les prénoms de sa nombreuse fratrie, celui de son épouse, ceux de ses
enfants et petits-enfants…
Tous les deux jours, j’évoque la
saison, lui jase météo, en roulant son fauteuil jusqu’à la fenêtre pour qu’il
constate le blanc hiver. La semaine dernière, alors que je lui racontais son
passé de conquérant du ciel, j’eus la curieuse idée de lui demander s’il avait
la moindre idée du nombre de pilotes qu’il avait formé.
« 500 » dit-il après un semblant
de creusage de cervelle.
J’ai éclaté de rire devant la
spontanéité de sa réponse (au fait je n’ai absolument aucune idée du
nombre de personnes auxquelles il a enseigné). Il s’est vite repris, s’exprimant
avec difficulté :
« Non… 501… »
Voilà… Il en avait oublié un!... Quand même…
Ce midi, alors que je lui re-re-re-présentais
les Dames assises à sa table, dont la Grand-mère Paternelle de mes Enfants (me suivez-vous?), je lui
confiais qu’ils avaient souvent partagé les mêmes repas de famille. J’ajoutai un « le monde est petit hein? ». Il
me répondit sérieusement:
« Le monde est petit mais il est grand. »
Parole d'homme sage…
« Entièrement d’accord avec toi Papa : il
est bien grand ce monde! »…
Commentaires
Bravo Madame et mes respects à Papa Fitzsou. FS