Les
dernières belles journées s’étaient étendues sur le Nunavik avec un aplomb ostentatoire
et encore moins de retenue que ces milliers de corps blancs envahissant chaque
année les plages d’un vrai Sud. Le ciel avait été beaucoup trop bleu, le soleil
beaucoup trop brillant, la température, beaucoup trop froide. C’était l’hiver
du Nord, un bel hiver…
Mine
de rien, j’avais poursuivi ma vie nordique, sans rien attendre ni espérer d’un
peu de ce spécial pouvant pimenter
le quotidien. Je me trouvais gâtée par la Vie, d’avoir vécu une si belle dernière
semaine dans les autres villages, d’avoir survolé tant de cette blancheur
éclatante, marbrée ici et là, des reflets de lumière projetée par l’astre
insolent. Avec cette pensée bucolique en toile de fond, je me disais que l’hiver
nordique allait bon train et qu’il laisserait bientôt sa place à un printemps frais
et dispo.
... Il arriva sans crier
gare. J’avais bien remarqué les conjonctives un peu rougies : j’avais
blâmé la nuit d’insomnie. Je renâclais certaines situations au travail :
ça expliquait la gorge qui piquait. Et ce soir, alors que je m’installais sur
le divan de cuirette brun chocolat, je me sentis plus que fourbue sans trop savoir
pourquoi. Quelques instants plus tard, il
se pointait le bout de nez... au bout de mon nez!...
Il avait subtilement
usé de perfidie pour réussir à m’attraper. Je ne dirai pas « enfin ». Parce qu’on n’utilise jamais
l’adverbe « enfin » quand
on parle de lui. Moi qui avais su l’éviter
jusqu’à présent… me v’là nantie d’un coryza pour les prochaines semaines…
Zut!...
Commentaires
J'aimerais bien qu'on se téléphone un de ces quatre.
Bisous nordiques xoxoxo