La
neige craquait sous nos pas. L’air expulsé de nos poumons demeurait suspendu un
court instant dans le silence établi de la colline. La Koksoak s’étendait
langoureusement immobile sous ses tonnes de glace. L’espace nous appartenait et
on l’occupait entièrement.
Nous
étions parties avec l’idée d’affronter un moins quarante-et-un avec facteur
éolien. Nous nous sommes retrouvées sous un soleil qui se donnait des allures
printanières. Pour un peu on l’aurait cru. Des projets se mirent à fleurir dans
nos esprits échauffés : feu de camp et sandwich grillé ne sauraient
tarder!
L’Amie
Sue se faufilait sur les rochers, reconnaissant ici la gueulée, là, l’île,
repère de la descente vers les berges. À certains points, la beauté nous
oppressait tellement, que l’on devait s’arrêter pour admirer béatement ce qui s’offrait
sous nos yeux. L’hiver allait bon train au Nunavik, et bien vêtues, nous avions
décidé d’en profiter au maximum de ce que nous permettait notre fin de semaine
de congé.
Depuis
quelques temps, une jeune chienne noire apprécie et partage avec nous ces
moments de grâce. Nous l’avons baptisée Achille, comme dans « Achille-sur-nos-talons ». Elle
gambade tout autour, nous laissant peu de répit quand on décide de prendre
place sur nos sièges de glace. Malaisé de déterminer sa race mais elle a de
bonnes grosses pattes et un doux caractère. Et sa robe est tellement noire!
Seuls quelques rares poils blancs percent son poitrail.
Difficile de résister à
l’adopter…
"Achille et l'Amie Sue", Kuujjuaq, février 2014 |
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;-)