Ça faisait trois (!) heures déjà,
que j’avais replié l’édredon couvrant le lit dans lequel j’avais eu la
ferme intention de tomber endormie. Comme une Belle au Bois Dormant.
Trois (!) heures… que je
n’arrivais pas à fermer l’œil malgré : la lecture de l’autre idée du
bonheur* de Marc Levy, le complètement d’une grille de sudoku moyennement
difficile, la tentative de focalisation sur ma respiration, l’ouverture de la
lumière, l’extinction de la lumière…, la posture de l’enfant, l’ingurgitation
d’un bol de céréales…
Rien, non, rien n’avait
changé quoi que ce soit. Désespérée, j’avais ouvert l’ordi pour tenter d’épancher
mon insomnie en la couchant par écrit.
Ainsi, alors que j’aurais dû
être à rêver à cet inexistant Prince Charmant, je me retrouvais plutôt à
tapocher des lettres sur une page blanche virtuelle pelotonnée dans son écrin
bleu.
Non mais, je sais. « Y’a
pire dans la vie… » me dirait ma Jeune Sœur Chérie. Et elle aurait raison.
Après tout…
Qu’est-ce qu’une banale
insomnie à côté de tous ces malheurs qui se produisent un peu partout dans
le monde? Au moins, malgré le froid intense, j’étais couchée bien au chaud, le
ventre plein, la tête en ébullition…
Réalisant que je n’avais pas
matière à me plaindre, j’avais rabaissé le couvercle de l’ordi sur mes songes d’une
nuit et les yeux fermés, je m’étais mise à penser à la dernière rencontre avec
Papa Fitzsou…
En m’approchant de sa chambre
cet après-midi là, j’avais constaté qu’elle était plongée dans la pénombre. J’avais
poussé tranquillement la grosse porte brune. Il était étendu sur son lit, les
yeux grands ouverts. J’avais souri. Lui aussi. Je m’étais approchée et j’avais
glissé mes mains glacées dans les siennes. Il s’était reculé en riant, me
disant: « Hey que c’est froid. Ça me fait revivre ça! » Drôle de
Papa!
Au moment où je lançais ces
mots dans l’Univers nocturne, je me suis demandée s’il dormait lui, à l’heure qu’y
était. Où s’il errait dans les corridors, pensant aux gens qu’il avait laissés
au Lac Chose et qu’il devait absolument aller chercher avant que « la
noirceur pogne »… Drôles de nuits…
Tout à coup j’ai souhaité
pour lui comme pour moi, que cette nuit, finisse par finir au plus vite,
avec le lever du nouveau jour…
*Une
autre idée du bonheur, Marc Levy, Robert Laffont/Versilio, 2014
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