Le
ciel un peu maussade en début de journée, s’était ravisé et s’était éteint en
toute bleuté. Au bureau, ça avait été. Correct, sans plus. Les tonnes de notes « à
faire » parsemaient l’espace que j’avais envahi, le temps de prendre une
pause de « bouchons », espèces de petits trucs en caoutchouc, qu’en
temps de « guerre », je glisse subrepticement tous les matins, dans
mes conduits auditifs pour me couper des éclats de voix ambiants.
Il faut ce qu’il faut pour s’isoler un
brin!...
Lorsque
seize heures arriva, sans me presser je revêtis le Quartz Nature marine qui me
rappela que ça ne pouvait qu’être son dernier hiver. Il méritait une retraite. Après cinq ans, l’usure avait surpris le
temps…
Arrivée
à la maison, je déroulai le tapis caoutchouté d’un beau rose fuchsia, et vêtue
d’un pantalon extensible et d’un chandail MEC 100-%-recyclé-polyester-orangé, je
débutai l’exorcisme des tensions de la journée.
La
musique allait bon train, les exercices se succédaient dans l’ordre et le
désordre jusqu’à ce que je me retrouve dans la posture de l’enfant, le
nez dans le tapis, sur les notes de « Rêverie » de Michaël Goldberg.
… Je suis partie… Je me suis retrouvée
le nez dans les fleurs du champ à Jolin, un vent d’été sifflant dans le
sous-bois bordant la rivière Harricana. Le vieux bâtiment montait la garde au
bout du chemin de terre battue, et l’unique bouleau, planté fier et droit, au beau
milieu de la côte, veillait au grain... J’ai marché le long du bois, avec un
Méo sautant comme une gazelle par-dessus les épis ployant sous le zéphyr…
L’atterrissage
s’est fait tout en douceur. Je suis revenue à moi, et me suis posée sur le seul
rayon de soleil qui sans gêne, pendant ce temps, avait pénétré dans mon salon...
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