Nous clopinions encore sur
l’île de Naxos, quand j’osai le dernier soir, me hisser sur le dos du Vieux
Ponte, et cela malgré une bonne dizaine d’années d’abstinence…
Je
vous entends penser là…
J’avais ce rêve de longue date :
faire une balade à cheval sur une plage, juste un peu avant que le soleil ne
tire sa révérence à l’horizon. Comme la vie m’avait rappelée quelques semaines plus
tôt, que nous n’étions sur cette terre, que fragiles éclats de vie,
je m'hasardai. J’ignorais comment mes vieilles articulations, muscles déjà endoloris
et nerfs coincés se comporteraient. Mais j’avais choisi de leur donner une
chance. Valait mieux vivre intensément le moment présent, que d’en regretter
les hésitations.
Bien m’en prit, car au lever le lendemain matin je pouvais être
fière d’eux… et de moi! Sans courbatures post-randonnée, ne me restaient que
les bons souvenirs de cette éphémère activité. Je me rappelais le balancement
de mes hanches sur le rythme lent de Ponte,
mon corps redressé, dos bien droit, mains posées près de son encolure, la
pointe des pieds ancrées dans les étriers. Nous avions traversé des champs desséchés,
circulé sous la cambrure de la tête des bambous formant d’étranges grottes
naturelles sur fond de graminées jaunies par le soleil.
J’avais vu les sabots
laisser leurs empreintes dans le sable humide et Ponte avait bravement traversé
les semblants de lagunes alors que mes pieds baignaient dans l’eau limpide et
claire de la mer Égée. Le premier trot m’avait fait frissonner; le deuxième m’avait
ramené l’aisance d’antan au triple galop! J’avais repris les soulèvements du
postérieur à tous les deux pas, serrant les cuisses et prenant appui sur les
étriers, regard fixé droit devant... sans trop savoir ce que je cherchais à voir vraiment…
Difficile d’exprimer en
mots, ces deux heures d’extraordinaires et inoubliables moments. Chose certaine :
je pouvais maintenant cocher « fait » sur la liste fictive des « à faire avant de… »
"Sur l'île de Naxos", septembre 2013 |
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