"... dès mon réveil sur cette aube ensoleillée, je savais que j’irais, coûte que coûte... C’était un besoin vital, une nécessité... Mon intuition me dictait que c’était là ce que j’avais à faire, sans faute...
Rien ne m’en empêcherait: je portais sur mes ailes, la détermination farouche de celle qui sait ce qu’elle veut. Mon but était de m’y rendre, peu m’importait l’heure, ni la condition physique et mentale auxquelles je me trouverais à ce moment de ma vie... Plus rien n’avait d’importance, que celle de mener à bien ce projet...
Toute la journée, mes pensées furent dirigées vers cet endroit, qui m’attirait avec la force d’un aimant. Les heures se sont égrenées lentement. Puis, le sablier du temps a fini sa course et j’y suis enfin parvenue: j’ai enfilé mes espadrilles et partis en direction sud....
Le vent faisait danser mes courts cheveux bruns. Je sentais de la légèreté dans mes pas, frôlant à peine le sol. L’euphorie me portait. Méo courait devant moi: il savait où nous allions...
J’ai vu à ma gauche, l’endroit où la rivière s’élargit pour devenir lac, pendant que de l’autre côté, les ifs montaient la garde, droits et fiers... Au loin, par devant, le vieux hangar courbait l’échine, déchiré par le vent, par le temps...
J’ai suivi le sentier de terre battue. Il m’a mené d’est en ouest... "
Le champ, déserté par les boeufs, m’appartient ainsi à tous les mois de mai. Mon « champ à Jolin », mes terres à moi... J’y erre à ma guise, solitaire...
Tout au bout, je m’ancre, quelques instants, en m’agrippant aux branches d’un merisier. Je deviens arbre, me laissant bercer par l’alizé, écoutant le chant des oiseaux... Mes racines s’enfouissent dans cette terre fertile qui m’a vu grandir et qui continue de me nourrir l’âme...
Au retour, je ne suis plus seule... Quelque chose me précède, m’indique la route à suivre. Elle se déplace nonchalamment comme moi, les mains dans les poches, regarde dans la même direction que moi, porte un foulard, volant au vent... Comme le mien...
Je réalise que cette présence m’a toujours accompagné dans ma solitude, dans mes errances... Elle était là, même quand je ne pouvais la voir...
Et j’ai compris que je venais de retrouver ma Plus que Meilleure Amie: celle qui ne me laissera jamais tomber, qui sera toujours là avec moi, quoi qu’il advienne... Celle qui jusqu’à présent, ne m’a jamais fait faux bond... Sur qui j’ai toujours pu compter...
... Cette chose est mon ombre... Mon ombre, c’est Moi... Si j’y suis, elle y est, si elle y est, c’est que j’y suis... Je réalise que je ne serai jamais seule, car je serai toujours là, moi, avec Moi...
... Hum, drôle de réflexion ce soir, assise, non pas au bout du monde, mais bien au bout de mon quai... à laisser naître ces mots, les encadrer un peu, pour finir par les laisser s’éparpiller aux quatre vents...
...en espérant...
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