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Du bonheur à couper à l’ulu



Je réalisais que je simplifiais de plus en plus ma vie nordique. C’était l’un de ces vendredis de dolce farniente, où je m’étais votée une reprise de temps. Je me promettais d’en profiter pleinement.
 
J’avais passé l’avant-midi à faire de menues tâches, lesquelles nous ne pouvons esquiver, peu importe la vie que l’on a décidé de mener : lavage, ménage… écurage quoi! Il était peu après midi quand retentit le bruit métallique caractéristique provenant de l’escalier extérieur, signe que quelqu’un s’amenait. Dès les premiers coups frappés, je lançai un « Entrez! » bien sonné. 

Pourquoi fermerais-je à clé en pleine journée?...

C’était l’Amie Sue m’annonçant qu’il faisait un temps splendide (ça, je l’avais bien remarqué sans pour autant être sortie pour en profiter, je m’en confesse). Elle m’offrait une randonnée pédestre à l’endroit secret qu’elle avait visité à quelques reprises avec Collègue Inuk R. Ne pouvant fausser idée à ce vendredi décisionnel, nous prîmes rendez-vous pour une trentaine de minutes plus tard.

La température était magnifique : chaude et ensoleillée, et juste assez venteuse pour ne pas être importunées par les moustiques qui étaient, à ce temps-ci de l’année, plus que voraces. Nous empruntâmes quelques raccourcis, une piste pour VTT et finalement, après avoir admiré l’étendue fluviale s’étendant devant nous, on entreprit la descente vers la berge.

Ici je dois préciser que je connais maintenant très bien le genre de sentier qu’affectionne particulièrement l’Amie Sue : à peine dégagé pour les lièvres, on doit s’y déplacer comme un Méo penché, évitant de se faire déchirer les chairs par des branches trop entreprenantes, guettant chacun de nos pas pour ne pas glisser sur la mousse hypocrite ayant eu l’idée de croître sur le roc. Arrivées sur le bord de l’eau, force nous fut de constater que la marée était à son plus haut et que la voie habituellement empruntée par mon Intrépide Amie Sue, était submergée et impraticable.

Comme, en habituée qu’elle est, l'Amie Sue portait de hautes bottes (et un pantalon long bien sûr!), elle s’aventura seule un peu plus loin, pendant que je déposais mon léger sac à dos sur un rocher et que je m’assoyais pour retirer mes bottes de marche. 

C’est ainsi, qu’après avoir laissé pendant quelques instants, voguer mes pensées sur les flots bleus du fleuve Koksoak, je me mis à observer le lent ballet des nuages. C’est là que je l’aperçus. Une évidence

J’avais bel et bien un ulu* au-dessus de la tête! Comme quoi je vivais un moment de bonheur à couper au couteau!...

* ulu :couteau en forme de demi-lune utilisé pour diverses tâches par les femmes Inuites

"Du bonheur...

... à couper...

... à l'ulu...", Fleuve Koksoak, août 2014




 

Commentaires

Le factotum a dit…
J'aime bien votre dernière phrase tant littérale que suggestive.
Merci pour votre commentaire M.Le Factotum. Ils sont toujours appréciés (même ceux en privé en rapport avec mes fautes d'orthographe!) ;-)
Zoreilles a dit…
Tes photos sont magnifiques, elle nous font voir le ciel du Nord dans toute sa splendeur si bleue, ah oui si tant tellement bleue avec la blancheur contrastante des nuages. Et que dire de l'eau si bleue aussi?

On ressent du calme et de la paix en te lisant, en admirant tes images sur lesquelles j'ai cliqué pour les admirer de plus près.
Merci Zoreilles, tes commentaires me touchent, comme d'habitude...

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