Une journée s’annonçant d’un
gris attristant, motiva la finalisation de ce billet, depuis longtemps semé en
feuille. Ça va comme suit...
Décembre 1978 : je viens
tout juste d’obtenir un poste, temps complet de nuit, à la maison d’hébergement
pour personnes âgées, alors appelée « Foyer
Harricana ».
Ma jeune vingtaine attise le
professionnalisme acquis durant les années de formation. Du jour au lendemain,
dans ma Vie se glissent, des Hommes et des Femmes, les uns suffisamment
autonomes pour dévaler en plein jour, l’abrupte pente menant à la 1ère
Avenue; les autres, maladivement cloués dans leur lit.
Parmi eux, au 3ième
étage, un homme, prénommé Misaël, occupe le Temps de sa gentillesse et de sa
douceur. Il bricole ses journées, en en façonnant des bribes dans la terre
cuite.
J’étais en amour avec l’Être
et son prénom. Je me répétais qu’un jour,
si je donnais naissance à un garçon…
Un bon matin, M’sieu Misaël me
remit un ensemble à café pour matins gris, couleurs soleil et nuage blanc. Sous
la tasse, il avait gravé son nom. Indescriptiblement touchée par le geste, j’avais
accepté les pièces dont je possède toujours la tasse, quarante années plus tard.
En
juillet dernier, alors que je donnais un coup de main pour une activité de
marche-course dans le cadre du 100ième de Trécesson, l’Amie Ded me
présenta le propriétaire de la maison devant laquelle nous étions installées.
Stupéfaite, j’avais appris que l'homme âgé, était le fils de M’sieu Misaël!
Il
avait la même amabilité, la même bienveillance. Il me raconta un peu de sa Vie.
Sa maison s’était ouverte à moi comme un coffre au trésor. Une mine de
souvenirs, un poste télé qui jouait trop fort, le long bougeoir où dansait une
flamme sage devant ses icônes, l’éclairage tamisé… J’étais sous le charme.
Je
le revis en septembre dernier. J’avais avec moi, la rustique tasse jaune soleil.
Je lui montrai. Ému, il la tourna dans ses mains, puis me la rendit.
« Promettez-moi que
vous reviendrez me voir. » me dit-il.
Je plongeai mon regard dans le sien
quand je prononçai mon: « Je vous le promets! »…
Addenda : j’aurais bien
voulu attribuer à mon fils, ce charmant prénom. J’ai dû abdiquer devant les trop
nombreux jeux de mots fusant de mon entourage. Aussi quelle surprise à mon
arrivée à Kuujjuaq le 16 novembre 2009, d’être présentée à un « vrai »
Misaël, d’origine guatémaltèque.
Il avait la même douceur et la
même gentillesse que MON M’sieu Misaël d’antan…
Commentaires
"Du temps de Nabuchodonosor, il faisait partie des trois jeunes Juifs ayant refusé l'idolâtrie et qui chantaient le vrai Dieu au milieu de la fournaise ardente où le roi les avait fait jeter parce qu'ils n'avaient pas voulu se prosterner devant sa statue... Leurs noms étaient Abed-nego, Shadrach, etMeshach en Babylonien; Azariah, Hananiah, et Mishael en Hebreu; Azarias, Ananias, et Misael en Grec."
Quelle belle période!
Samedi dernier, j'ai eu une commande pour une nouvelle de 3-4 pages avec déjà des idées soufflées...
Je vais m'y mettre lors de mon séjour à Gatineau...
Ce sera assurément publié ici lorsque "pondue"...
;-)
Comme je n'écris plus souvent, j'en écris long alors tu auras de la lecture pour tout le temps des Fêtes… que je te souhaite des plus Joyeuses!
J'essaierai d'aller visiter le Monsieur lors de mon prochain passage à Amos.