« … Il m’avait fallu bien peu de Temps après mon déménagement,
pour remarquer cette fillette déambulant seule sur le terrain situé derrière chez-moi.
Derrière chez-elle.
Du haut de mon observatoire improvisé, je l’épie à la
dérobée depuis bientôt un an. C’est son attitude maternelle qui m’a surprise la première fois.
Qu’elle s’esquinte à tirer un gros charriot vert forêt doté de larges roues « tout
terrain » ou qu’elle pousse un carrosse grandeur nature, elle garde la même
démesure de soins attentifs accordés aux divers « personnages » y prenant
place.
Son trajet reste à peu près le même et s’adapte aux saisons.
Bien que l’hiver l’ait empêchée de contourner son building, à ce Temps de l’année,
où la neige tire mollement sa révérence, elle reprend ses courts va-et-vient promenant
ses oursons ou piétinant dans la boue et les flaques d’eau aux côtés de sa
bicyclette… Presque chaque jour, elle galvaude sur les quelques mètres carrés de
broutilles jaunies par le froid.
Elle est si menue. Si solitaire. C’est ma Petite Voisine d’en
arrière.
À ce jour, je ne l’ai jamais aperçue partageant ses
activités avec d’autres jeunes de son âge. Pourtant, il me semble que les
enfants sont faits pour être entourés d’amis… Non?...
À quelques reprises j’ai entraperçu son père (?), gigantesque
aux bras de fer. Jamais vu sa mère (?). Faut dire que je ne suis pas constamment à
l’espionner de ma tour d’ivoire… Quand même!
Un jour je vais l’aborder. Lui demander son prénom. Lui
lancer le mien.
Qui sait? Peut-être deviendrons-nous des Amies?… »
« La Petite Voisine d’en arrière »,
Amos, avril 2016
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