Amos,
10 mai 2018
Cher
Papa,
On
dit que « la Vie ne tient qu’à un
fil »… J’ajouterais que si on a le malheur de perdre un jour l’horizon
de vue, le lien se rompt, annonçant le départ pour l’ultime envolée… Ce Temps
est arrivé pour toi.
Tu
as passé une bonne partie de cette Vie dans le ciel. Entre ciel et terre. Tu
éprouvais plus grande satisfaction à imiter le vol de l’oiseau, plutôt que la
Vie d’un poisson, même si en réalité, tu en étais un heureux mélange, étant
donné ta naissance, un jour de mars 1921…
Tu
as travaillé sans relâche, vaillamment et avec persévérance dans tout ce que tu
entreprenais, que ce soit à transporter du gravier très jeune afin de tracer
des parcelles de chemins abitibiens, ou à faire l’élevage à la dure, d’une
centaine de visons, ou encore, à avoir les doigts noircis par l’huile des
moteurs de tes grands oiseaux métalliques. Lentement mais sûrement, tu as
avancé à grands coups d’épaules dans la Vie.
97
ans que ton cœur a scandé le Temps…
Qu’est-ce
que la Vie nous offre en souvenirs n’est-ce pas? Dommage que les tiens soient
restés accrochés quelque part dans la mousse de nuages…
Nous,
on se souviendra toujours de tes pancakes-de-camp-de-chasse, de tes plats de
pâtes, cuisinés après les randonnées de ski de fond avec tes petits-enfants. Ce
que tu en as parcouru des kilomètres sur ces sentiers glacés!
Mis
à part le survol de milliers de kilomètres du haut des airs, tu as un jour,
traversé le Canada avec ta Gisèle, celle dont le foulard a tenu ta main durant
cette lente agonie, pour aller reconduire votre plus Jeune à Prince Georges. Tu
as aussi bouclé tes valises à quelques reprises pour découvrir l’horizon de
pays éloignés.
Tu
as enseigné à trois d’entre nous, l’art du pilotage, en insistant sur le fait
que notre pire ennemi pouvait être la routine. Par ricochet, tu as contaminé
dès son jeune âge, l’un de tes petits-fils de cette passion familiale.
Par
l’exemple, tu as prêché l’importance d’être en santé. Tu as cessé de fumer dans
la cinquantaine. Tu as été actif jusqu’à ce que tes jambes se dérobent et tu as
su te popoter de bons repas. En toute simplicité, tu nous as appris à apprécier
le merveilleux de la nature.
Pouvait-on
espérer meilleur guide que toi?
Merci en tout cas! Merci de nous avoir partagé tes valeurs, ta
bienveillance, ton intégrité. Merci d’avoir été le père que tu as été. Tu as
toujours cru en chacun de nous et tu nous as encouragés et supportés dans la
réalisation de nos rêves.
Promis :
après nos Vies, nous reprendrons le fil de tes propres souvenirs. Mais ça, on
le fera en catimini, sans que personne n’écoute…
Bon
vol Papa, nous t’aimons tous très fort xoxoxo
Commentaires
Un vibrant témoignage...
Pensées chaleureuses à toi et à toute ta famille!
Chantale xx
Amitiés
François
Je suis contente qu'il repose enfin, et j'ose espérer que là où il est, maintenant, il se souvient de tout... De nous...
xoxoxo
p.s. on se revoit à l'automne à Rouyn?
Quoiqu'il en soit, mon émotion de gratitude vient surtout du fait qu'il ne pouvait pas te l'exprimer mais que je suis certaine que tu l'auras rendu très heureux et très souvent, chaque fois que tu allais le voir et Dieu sait que tu y allais souvent et y prenais plaisir jusqu'à nous transmettre à nous, tes fidèles lecteurs, un peu de sa douceur et de sa bonté.
Qu'il devait donc être fier de sa famille, lui...
J'espère que nos présences ont su le réconforter d'une quelconque manière.
Je crois que nos voix éveillaient en lui quelques apaisements.
En tout cas, moi j'ai toujours été très fière d'être sa fille!!!!